Puis un jour, mes personnages se sont émancipés …

Dans l’article ‘Les raisons pour lesquelles écrire un livre est un réel plaisir’, j’avais évoqué un principe, que je pense, beaucoup d’écrivains connaissent, je veux parler de l’émancipation des personnages. En relisant cet article dernièrement, je me suis dit qu’il serait intéressant de vous raconter comment au fil de l’écriture de mon roman, j’ai eu le sentiment que mes personnages prenaient vie et accomplissaient leur propre destinée.

Principe pas très rassurant il est vrai mais qui doit être nécessaire je pense afin que l’histoire garde toute son intégrité jusque la fin. Cela dit, il est vrai qu’un peu comme des enfants capricieux, on se rend vite compte que les personnages ne nous obéissent pas vraiment ..

Le sujet est planté et à ce moment, soit vous comprenez parfaitement ce que je veux dire, soit vous me prenez pour un fou qui vous raconte n’importe quoi. Difficile de vous dire ce que je voudrai vous faire croire. A vous de vous faire votre opinion …

Lors que j’ai commencé ‘Maria, fille de la vallée des rêves’, je savais exactement comment serait l’héroïne du livre. On ne se lance pas dans le projet d’un livre sans connaitre son personnage sur le bout des doigts. Je connaissais ses joies, ses tourments, son caractère, ce qu’il allait lui arriver durant son histoire et comment son histoire finirait (du moins, je le pensais).

Une fois, qu’on a la charnière principale, il faut s’attaquer aux personnages qui vont avoir une influence directe sur elle. J’ai donc créé son amie Julie, la mère de Maria, son beau-père, Eric, etc … et pour chaque personnage, il a fallu se représenter chaque facette de son caractère, son physique, son vécu, etc .. Tant est si bien qu’au bout d’un moment , on connait ses personnages comme soit même. On est très rapidement capable d’inventer un dialogue entre eux sur un sujet précis et les imaginer converser à leur manière avec leur façon d’être et ainsi la discussion s’écrit d’elle-même. Selon moi, c’était le début de l’émancipation mais je ne le voyais pas comme ça au début.

L’histoire de Maria se tissait tout doucement mais je me suis vite rendu compte que cela allait manquer de consistance et de rebondissements si je n’ajoutais pas plus de personnages jouant les troubles-fêtes ou au contraire d’autres pouvant jouer un rôle positif dans l’histoire. Ainsi, j’ai décidé d’ajouter des amies qui croiseront la route de Maria et d’autres que l’héroïne aurait fait mieux de ne jamais rencontrer . Ils sont progressivement mélangés à l’histoire, emmenant également avec eux leur physique, leur caractère et leur vécu. Une fois qu’on a intégré toutes ces données, l’histoire prend déjà beaucoup en volume et à l’instar d’un puzzle,il faut que toutes les pièces s’imbriquent.

Après tout, pourquoi ne s’imbriqueraient-elles pas ? Du moins, je ne me posais pas la question de cette façon. Je ne me posais pas vraiment de questions d’ailleurs. Sauf que j’ai vite compris que si on intègre un personnage, il faut qu’il ait une vraie raison d’être (sinon pourquoi s’embêter à le créer ?) et son histoire doit avoir une finalité. De plus, s’il faut intégrer qu’un personnage agressif, il ne doit pas se retrouver vingt pages plus loin dans une manifestation pour la paix et si le personnage a un vécu malheureux, cela va forcément influencer tous ses actes et peser sur son entourage. Tout cela a ajouté beaucoup de consistance à l’histoire et au fil du temps, j’ai du me creuser de plus en plus la tête pour faire coordonner tout ce petit monde dans l’univers que j’avais créé. J’avais créé des personnages que je voulais très fouillés ou complexes de manière à les rendre les plus réels possibles mais cela a considérablement compliqué ma tâche. Pour mieux vous faire comprendre , je suis obligé de spoiler un tout petit peu mon livre donc à vous de voir si vous souhaitez continuer ou ne rien savoir de mes personnages (mais ça serait dommage d’arrêter en si bon chemin 😉 … )

Bravo, vous êtes restés, je voudrai donc vous parler de Tiphaine et Fanny, deux filles formidables que j’ai mis beaucoup de temps à imaginer car je ne voulais pas qu’elles soient « fausses » et par « fausses » j’entends le fait que les lecteurs ne croient pas en leur histoire. Oui, car Tiphaine et Fanny s’aiment et cela depuis plusieurs années. Seulement quand 2 filles de leur âge se déclarent leur flamme, elles se heurtent inexorablement à un mur, voire plusieurs (les parents, les proches, ….). vous avez compris le principe sans que je vous en dévoile davantage. Donc, pour revenir au sujet de l’émancipation, je ne pouvais donc pas intégrer une histoire aussi sensible sans trouver un dénouement à ce crève-coeur. Voilà, vous commencez maintenant à comprendre maintenant l’ambiguité d’écrire un roman. Chaque personnage emmène avec lui on histoire et il faut s’en préoccuper sous peine de voir un personnage abandonné sur le bord de la route. Après reste le choix de le faire tuer au milieu du roman mais j’essaie de ne pas me résoudre à la facilité.

Donc, l’histoire de Maria s’est étoffée et les personnages venaient eux mêmes perturber l’histoire de l’héroïne, ils ne me répondaient plus mais répondaient à leurs instincts à leurs désirs, leur caractère et je devais à chaque fois remodeler l’histoire car elle n’était plus cohérente. Imaginez un peu le dessin animé Tom et Jerry et maintenant tenter d’intégrer un chien et un ours en plus, et ben, on a plus du tout la même histoire !!

J’ai l’air de me plaindre mais ça a été au contraire un terrain de jeu extraordinaire car le maillage de l’histoire s’est considérablement étendu et l’histoire a pris beaucoup de valeur. De cinquante pages initiales, j’ai terminé à plus de deux cents pages et le roman ne s’est pas terminé comme il le devait. J’ai gardé les grandes lignes mais plein de choses sont venues perturber la ligne directrice et au final, ce qui devait terminer le roman n’a été qu’une étape et j’ai continué encore à écrire car certains personnages avaient encore des choses à vivre, à raconter et ils ne me permettaient pas de me mettre un point final tout de suite. J’ai du aussi faire « patienter » certains événements qui devaient se produire car d’autres choses se passaient ailleurs et il fallait absolument que je réussisse à démêler certains conflits.

Je vous disais dans l’article ‘Les raisons pour lesquelles écrire un livre est un réel plaisir’ que selon moi, écrire était plus passionnant que jouer à un jeu vidéo et je pense que vous commencez à me croire. Ecrire un livre c’est un jeu de simulation infini où on créée une histoire, des hommes, des femmes, des situations et on les gère ensuite. On doit les mener au but qu’on a défini mais la route n’est pas droite et à chaque page, on se rend compte qu’on va devoir improviser. Bref l’aventure de la vie couchée sur papier 🙂 !

A bientôt pour un autre article amis rêveurs et rêveuses et n’oubliez pas de me publier vos impressions !

2 commentaires sur “Puis un jour, mes personnages se sont émancipés …

  1. merci Ludo pour cet éclairage si …. instructif ….
    je me suis souvent demandé comment les choses pouvaient s’articuler … pour l’auteur , le créateur de personnage … me voici éclairée … et vivement intéressée par ton expérience .pl1 de bisoussss et longue vie …..

    Aimé par 1 personne

  2. Bonsoir Florence,

    Ton commentaire est très gentil et je t’en remercie. Cela me fait toujours plaisir de voir que mes articles plaisent car même si je suis dans le projet d’auto-édition, j’ai toujours ce besoin d’écrire.J’essaie donc de décrire au mieux ce qui m’a motivé dans ce projet à travers quelques articles et j’essaie de les agrémenter du mieux possible. Merci encore de me suivre et pour tes encouragement ! :-).

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